1. Contexte:
En 2006, le Gouvernement du Québec mettait en application la loi sur le tabac qui visait particulièrement à interdire l’action de fumer à l’intérieur des lieux fermés accueillants du public, dans les transports collectifs et dans les véhicules de travail transportant deux personnes et plus. Cette loi fût une avancée majeure dans la lutte au tabagisme et faisait partie du plan québécois d’abandon du tabagisme. La fumée secondaire étant une des causes du cancer du poumon, cette loi s’inscrit dans une perspective d’amélioration de la santé publique et surtout comme une victoire pour le respect des non-fumeurs. Cependant, depuis quelques années, une nouvelle technologie fait de plus en plus d’adeptes et menace les avancées faites par le Québec afin de lutter contre la dépendance à la nicotine et par extension, à la lutte au tabagisme. Cette nouvelle technologie est la cigarette électronique et elle séduit en particulier les jeunes de 15 à 24 ans qui, selon l’Institut national de santé publique du Québec, étaient 35 % à déjà avoir fait usage de la cigarette électronique (INSPQ, 2014, p.3). Étant donné le manque d’encadrement de Santé Canada et l’immobilisme du Gouvernement du Québec afin d’encadrer l’utilisation de la cigarette électronique, les utilisateurs de ce produit peuvent légalement « vapoter » sans aucune contrainte dans tous les lieux publics ne s’étant pas dotés de règlement encadrant cette nouvelle technologie. De plus, l’Organisation mondiale de la santé considère qu’il faut être prudent avec la cigarette électronique du fait que ses impacts sur la santé demeurent pratiquement inconnus (OMS, 2014, p.5).
Déjà, l’arrondissement de Montréal-Nord s’est doté d’un règlement interdisant le vapotage dans ses édifices publics et la Ville de Montréal proscrit l’utilisation de la cigarette électronique pour ses employés dans ses édifices et véhicules. Ce règlement visant l’interdiction de l’utilisation de la cigarette électronique dans les bâtiments et véhicules de la Ville de Montréal pourra donc uniformiser les pratiques de la Ville et permettra à Montréal d’entrer dans le club sélect des grandes villes, comme Chicago et Los Angeles, qui interdisent le vapotage dans ses lieux publics.
- Décision antérieure
L’arrondissement de Montréal-Nord a déjà mis en application un règlement interdisant le vapotage dans ses édifices le 20 janvier 2015. La STM a aussi interdit, depuis son changement de règlement de janvier 2015, l’utilisation de la cigarette électronique dans ses autobus et dans le métro. De plus, la Ville de Montréal a déjà interdit le vapotage à ses employés depuis le janvier 2015. Les arrondissements de Rosemont, du Plateau-Mont-Royal, de Verdun et du Sud-Ouest ont déposé des avis de motion afin d’interdire l’utilisation de la cigarette électronique dans leurs édifices au début du mois de février 2015.
- Description
Le projet de règlement interdirait de vapoter dans un rayon de neuf mètres de toutes portes d’accès d’un immeuble de la Ville de Montréal et à l’intérieur de tout bâtiment et/ou véhicule appartenant à la Ville, STM incluse. On parle donc ici de toutes constructions de la Ville incluant les abribus et les installations temporaires (comme un chapiteau). Des amendes sont prévues pour les contrevenants et elles seraient dans la même envergure que ceux prévus par la loi sur le tabac, c’est-à-dire entre 50$ à 300$ pour une première offense et entre 100$ à 600$ pour les fois suivantes. Les gens qui voudraient vapoter seraient donc obligés d’aller vapoter au même endroit que les fumeurs, ce qui permettrait d’éviter une renormalisation de l’acte de fumer à l’intérieur. L’application de ce règlement se fera de façon graduelle en donnant un avis de 30 jours avant la mise en application du règlement, suivis de 30 jours supplémentaires où des avertissements seront donnés aux contrevenants. Suite à ces 60 jours, la Ville débutera à procéder à des interpellations en vertu du règlement municipal. De plus, la Ville de Montréal encourage le Gouvernement du Québec à inclure la cigarette électronique dans la loi sur le tabac afin que les commerces et bâtiments qui ne sont pas sous la juridiction de la Ville soient aussi touchés par une interdiction de vapotage.
- Justification
La Ville de Montréal se doit d’être à l’avant-garde pour ce qui a trait à la santé publique et dans la lutte contre le tabagisme. Avec la politique publique décrite plus haut, la Ville serait dans le club sélect de grandes villes, comme Chicago et Los Angeles, qui ont décidé de combattre l’utilisation de la cigarette électronique à l’intérieur. Aussi, il est important de montrer une certaine cohérence dans la lutte contre le tabagisme. Il est démontré par l’Organisation mondiale de la santé (2014) que l’utilisation de la cigarette électronique à l’intérieur produit un effet de renormalisation et un effet de porte d’entrée. L’effet de renormalisation est la possibilité que la cigarette électronique devienne une mode, de rendre le tabagisme attrayant. Cet effet irait à l’encontre de la lutte menée depuis plus de dix ans afin de réduire et d’éventuellement éliminer le tabagisme. L’effet de porte d’entrée désigne la probabilité que les individus passent, par dépendance, de la cigarette électronique à la cigarette conventionnelle. Ces deux effets concernent notamment les adolescents qui sont très sensibles aux signes visuels et aux normes sociales (USDHH, 2012). De plus, il n’existe qu’un petit nombre de donné par rapport à la fumée secondaire de la cigarette électronique, mais il est connu que la vapeur dégagée par la cigarette électronique n’est pas de la vapeur d’eau comme le prétend le mercatique effectuer par l’industrie. Ainsi, l’effet de la fumée sur la santé des non-utilisateurs est actuellement inconnu et il est recommandé par l’OMS (2014) de réduire au minimum l’exposition à la fumée secondaire. Bref, il est plus bénéfique de prévenir que de guérir.
- Aspect financier
Les coûts liés à la mise en œuvre de cette politique publique sont principalement liés à la communication du nouveau règlement. Pour ce faire, il est important d’allouer un budget de 10 000 $ afin de permettre aux citoyens d’être au courant de la proscription du vapotage dans les édifices et véhicules municipaux. Les méthodes de communication seront explicitées au point sept. Il faudra aussi prévoir un budget de 10 000 $ afin de payer des inspecteurs qui auront le mandat d’appliquer le nouveau règlement municipal selon son calendrier de mise en œuvre. Étant donné que la majorité des utilisateurs de la cigarette électronique sont aussi des fumeurs de cigarette traditionnelle (OMS, 2014) qui ont déjà l’habitude d’aller fumer à l’extérieur, il ne devrait pas être très difficile d’instaurer cette nouvelle obligation. De ce fait, le budget pour les inspecteurs de 10 000 $ pourra être renouvelé si le besoin existe.
- Impact majeur
En adoptant le projet de règlement, la Ville se dote d’un moyen efficace pour éviter la prolifération et la renormalisation de la consommation de tabac. Ce règlement s’inscrit dans la continuité de la lutte au tabac. Le règlement est aussi une étape supplémentaire en ce qui a trait au respect de la santé des non-fumeurs en ne les exposants plus à la fumée secondaire de la cigarette électronique. En prévoyant une application par étape, la Ville donne un moment d’adaptation aux utilisateurs de la cigarette électronique ce qui devrait réduire le mécontentement possible provenant de l’application de ce règlement. De plus, la Ville de Montréal rejoindrait les autres grandes villes s’étant dotées de règlement semblable et serait ainsi un leader mondial dans la lutte au tabagisme.
- Opération de communication
La communication serait largement déterminée par la Direction des communications de la Ville. L’utilisation de publicité à la télévision, à la radio et dans les journaux serait un moyen efficace afin d’informer les gens de la nouvelle politique publique. Étant donné la moyenne d’âge assez basse des utilisateurs de la cigarette électronique, une campagne d’information sur les médias sociaux, comme Facebook et Twitter, serait aussi une technique d’information efficace qui devrait être privilégiée. De plus, les inspecteurs feraient partie de l’opération de communication en donnant des avertissements lors de la période de grâce de trente jours prévue dans la première phase d’application du règlement municipal.
- Calendrier et étape subséquente
- 1er mai 2015 : Adoption du règlement municipal et début de l’opération de communication du nouveau règlement municipal
- 1er juin 2015 : Mise en œuvre de la phase 1 du règlement, c’est-à-dire d’avertir les contrevenants sans donner de contravention
- 1er juillet 2015 : Mise en œuvre de la phase 2 du règlement, c’est-à-dire de débuter à donner des amendes aux contrevenants.
- 1er mai 2015 : Réévaluation du nombre et du budget des inspecteurs.
Bibliographie
Institut national de santé publique du Québec. (2014). « L’usage de la cigarette électronique chez les élèves québécois du secondaire : 2012-2013». Enquête sur le tabagisme chez les jeunes. Numéro 11.
Organisation mondiale de la Santé. (2014). « Inhalateurs électroniques de nicotine: Rapport de l’OMS (à l’intention de la Conférence des Parties à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, Moscou, octobre 2014) ». Genève, Suisse: Organisation mondiale de la santé.
Us Department of Healt and Human Services. (2012). « Preventing tobacco use among youth and young adults. A report of the Surgeon General ». Rockville (MD).