Réponse à la lettre « Les Québécois devraient appuyer le projet de sables bitumineux Frontier » de l’Institut économique de Montréal (IEDM) publiée dans la section Opinion de l’édition du 17 février 2020 du quotidien Le Devoir.
Les économistes de l’Institut économique de Montréal (IEDM) n’en sont pas à leur premier essai pour soutenir un système économique dont on sait pourtant le caractère nuisible à l’environnement et à l’humanité.
Plutôt que de discuter des défis économiques nombreux que pose la transition écologique, leur lettre récente en faveur du projet de sables bitumineux Frontier se fourvoie en sophismes (« Les Québécois devraient appuyer le projet de sables bitumineux Frontier »). Tandis que la lutte contre les fausses nouvelles et la défense de l’esprit critique sont appelées à être renforcées dans l’espace public, il convient de déconstruire une argumentation trompeuse.
Rappelons d’abord que, malgré son nom ronflant, l’IEDM est d’abord et avant tout un think tank. En le présentant comme un institut, on tend à oublier son statut réel de groupe de pression, avec un programme politique assumé. Sans céder à l’attaque contre les auteurs, il importe de se prémunir de l’argument d’autorité. C’est le premier sophisme.
Ensuite, évoquant le faible impact du Canada et d’un projet comme Frontier sur les émissions de gaz à effet de serre par rapport à des pays tels que la Chine ou le Japon, les auteurs cèdent au deuxième sophisme, celui de la double faute (« À quoi bon faire quelque chose quand les autres ne font rien ? », voire « Pourquoi nous critiquer pour nos erreurs quand les autres font pire ? »). Peu importe que l’on soit indépendantiste ou fédéraliste, il faut bien reconnaître que le Canada pourrait peser par ses actes, en tant que dixième puissance économique en matière de PIB et en tant que membre du G7.