Clore le cycle ouvert il y a 10 ans

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Ce texte a été publié dans La Presse du 14 juin 2021.

Il y a 10 ans, Pierre Curzi, Louise Beaudoin et Lisette Lapointe quittaient le Parti québécois (PQ). Ces trois députés seront rejoints le lendemain par un quatrième, alors méconnu, Jean-Martin Aussant, qui allait fonder Option nationale dans les semaines suivantes. L’hémorragie aurait pu être bien pire pour le Parti québécois : si la fronde avait conduit les autres élus en réflexion à démissionner du caucus, nul ne peut concevoir ce qui serait advenu.

On sait comme les crises sont l’occasion pour les institutions de démontrer leur robustesse et celle-ci n’a pas fait défaut : malgré ces départs, le PQ allait ensuite gagner les élections, mais peu à peu perdre d’influence. Une décennie plus tard, et alors que le mouvement indépendantiste peine à refaire de gains, un bilan de cette séquence mérite d’être opéré.

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« C’est justement la possibilité de réaliser un rêve qui rend la vie intéressante »

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Ce texte est un résumé de l’intervention présentée à la table ronde « Re-Penser l’action indépendantiste » organisée par les IPSO. Dans le texte « Parce qu’il est encore temps de rêver », une lecture positive du mouvement était défendue : malgré le défaitisme, voire le « démissionisme » post-référendaire, l’expérience Option nationale a montré qu’il était encore possible de mobiliser autour de la question indépendantiste. Toutefois, notre intervention nuance cette lecture optimiste et souligne des défis qui n’ont pas été relevés depuis 1995, ou qui l’ont été insuffisamment.

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Florent Michelot. « C’est justement la possibilité de réaliser un rêve qui rend la vie intéressante ». « Re-penser l’action politique indépendantiste », Intellectuels pour la souveraineté, Oct 2020, Montréal, Canada. ⟨hal-02986000⟩

Retrouver le chemin de la raison face aux pseudosciences

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Le texte est une réponse au texte « Les firmaments suspects de l’astrologie », un extrait de la revue Liberté publié dans Le Devoir du 27 octobre 2020 dans la rubrique Des Idées en revues.
Ce texte est cosigné avec Sébastien Béland et Serge Larivée, respectivement professeur agrégé au Département d’administration et fondements de l’éducation et professeur titulaire à l’École de psychoéducation, Université de Montréal.

Des fausses nouvelles au complotisme, l’actualité illustre chaque jour la nécessité de bâtir un solide socle de compétences face à l’information, aux médias et au numérique. Plus que jamais, ce socle, qui devrait mobiliser une pensée critique rigoureuse et exiger une maîtrise minimale des principes scientifiques (ses méthodes, ses épistémologies, son histoire, etc.), doit nous permettre de déconstruire les argumentations, y compris en nous confrontant à nos propres failles, ces fameux biais cognitifs. En effet, nous sommes toutes et tous portés à avoir des « distorsions » dans le traitement de l’information, et ce, non parce que nous serions trop crédules ou stupides, mais parce qu’il s’agit de notre condition d’humain. Ainsi, connaître ses biais est un premier pas pour une discussion éclairée dans l’espace public, une discussion qui s’appuie sur le choc d’argumentations étayées et raisonnées.

Devant les prétentions à bâtir une éthique de l’astrologie, comme s’y évertuent dans un style plutôt hermétique les autrices du texte « Les firmaments suspects de l’astrologie », l’exercice de déconstruction n’est pas une mince affaire, mais nous tenterons ici d’y répondre. En effet, ce texte présente sous ses plus beaux atours une pseudoscience. L’astrologie (qu’on la dise capitaliste, socialiste ou d’extrême centre) ne peut se réclamer de l’éthique : il s’agit d’une croyance dont la validité scientifique est nulle.

>> Lire la suite sur le site du Devoir

Pour que le numérique ne soit pas qu’un divertissement

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Cette lettre a été publiée dans la section Opinion de l’édition du 17 juin 2019 du quotidien Le Devoir.

Les auteurs commentent Le Devoir de philo publié le 8 juin dernier, « L’école à l’heure du divertissement numérique ».

Penser le monde contemporain en s’inspirant d’un auteur est un exercice audacieux. Il peut être riche, s’il s’inscrit dans un dialogue intellectuel entre les faits, d’une part, et les sources textuelles et leurs exégèses, d’autre part. Il peut être risqué si l’on cherche à plaquer ses propres conceptions en ne mobilisant que ce qui arrange chez un auteur. L’oeuvre de Pascal ne se réduit pas aux Pensées et il convient d’aborder d’autres pans de ses travaux. Il fut aussi pédagogue et De l’esprit géométrique et de l’art de persuader en est le reflet. Dans cet opuscule, il rappelle que l’art de persuader implique de n’utiliser pour axiome que des évidences, de prouver les propositions et de refuser de tromper par des termes équivoques. Or, les contradictions à ces préceptes pascaliens sont nombreuses dans le texte de Réjean Bergeron.

Par exemple, on qualifie sentencieusement de détestable le mot « apprenant », sans autre forme de procès, mais comment le remplacer ? La compétence numérique s’adressant à tous les individus sur un banc de classe, de la maternelle à l’université, on ne saurait réduire ces derniers au seul qualificatif d’élève ou d’étudiant.

Surtout, prétendre que la compétence numérique répond à un objectif de ludifier est un contre-exemple idéal à l’art de convaincre. Sur quelle base objective affirme-t-on cela ? Sur quelle base prétend-on qu’il ne serait qu’une réponse à la recherche du divertissement à tout crin ? Cette affirmation, démontrant une compréhension limitée du cadre de référence, déforme la réalité et promeut une conception de l’éducation ne tenant pas compte des défis contemporains et de la conjoncture technologique mondiale soulignés par une multitude de travaux.

L’approche par compétence a ses détracteurs et la critique est tout à fait justifiée, car elle n’est pas la panacée. Cela étant, prétendre que la compétence nie l’idée de connaissance est un non-sens. Fondamentalement, l’un des postulats de la notion de compétence est la gradation des objectifs cognitifs par Bloom. Or, ces objectifs reposent sur le socle de la Connaissance et de l’action de se souvenir. D’ailleurs, le glossaire de la décriée compétence numérique évoque explicitement cela dans la définition de la littératie numérique présentée comme les « connaissances et compétences permettant à une personne [de s’engager] dans un contexte numérique ».

Propos exagéré

Le propos devient exagéré quand il est prétendu que la compétence numérique servira de ferment aux infox (les fake news) et ouvrira la porte à l’avidité des « GAFAM », les Google, Facebook, Amazon et autres Microsoft. C’est le contraire qui est souhaité quand on évoque « une attitude réflexive sur l’information et ses usages en étant conscient des contextes dans lesquels elle a été produite et reçue ainsi que des raisons pour lesquelles elle est utilisée », « un jugement réflexif sur son utilisation du numérique » ou encore la prise de « conscience des enjeux liés aux médias, aux avancées scientifiques, à l’évolution de la technologie et à l’usage que l’on en fait ». Le cadre de référence, c’est apprendre à un élève du primaire que l’information trouvée sur Internet n’est pas toujours véridique et qu’il doit la contre-vérifier. C’est aussi sensibiliser les personnes aux risques physiques ou psychologiques liés à une utilisation excessive ou inadéquate de la technologie. C’est aussi apprendre à un étudiant universitaire qu’il existe plusieurs types d’applications ou de logiciels facilitant le travail collaboratif à distance.

En revanche, réduire le cadre de référence à une commande politique dépourvue de sens dans un exercice bancal de rapprochement avec Pascal, voilà un procédé fâcheux. Le cadre de référence n’est que ce qu’il prétend être : un cadre de référence. Il ne s’agit pas d’un document détaillé dans lequel sont explicités les savoirs et les connaissances reliés au numérique et organisés en 12 dimensions. Le cadre n’est ni un outil de promotion des outils technologiques, ni un manuel IKEA qui se contenterait de bêtement ludifier les apprentissages avec le numérique.

Au-delà de l’oeuvre philosophique, rappelons que Pascal fut en outre un remarquable mathématicien (Chateaubriand décrivait Pascal comme un effrayant génie !) à l’origine de la pascaline. Cette machine arithmétique est présentée aujourd’hui comme la première machine à calculer et la compagnie d’informatique IBM s’en inspirera même pour produire quelques dizaines de machines dans les années 1960. Pascal, donc, mais aussi Bacon, Condorcet, etc. : nous nous émerveillons de ces penseurs qui travaillaient aux choses de l’Esprit et de la Nature.

Ainsi, sur l’enjeu de rapprocher Humanités et Sciences que rappelait Normand Baillargeon dans sa chronique en hommage à Michel Serres, nous croyons utile de sensibiliser les apprenants, élèves ou étudiants, aux choses de l’informatique : la familiarisation aux notions d’algorithmes, de logique ou de codes impose un dépassement intellectuel multidisciplinaire. Considérant le rôle du numérique dans les défis éthiques, démocratiques, socioéconomiques et environnementaux contemporains, le choix de développer une compétence numérique n’est pas céder à la quête du divertissement. C’est un préalable indispensable à un dessein individuel et collectif plus grand.

Refuser de céder aux obscurantismes

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Texte consigné avec Julien Duquenne.

Les quotidiens Le Figaro et la Voix du Nord annonçaient en début de semaine la décision de l’administration de Lille 2 d’annuler l’adaptation théâtrale de Lettre aux escrocs de lislamophobie qui font le jeu des racistes du défunt caricaturiste Charb, mort sous les balles des minables frères Kouachi. D’abord sidérés par cette décision, nous tenions à marquer notre opposition ferme à l’égard de notre Alma Mater.

Il y a un peu plus de 15 ans maintenant, nous contribuions à bâtir au sein de Lille 2 une organisation originale dans le panorama de l’enseignement supérieur. Ni tout à fait syndicat, ni simple association, mais certainement pas corporation, Droits pour tous avait cette vocation de fédérer la communauté universitaire autour des valeurs cardinales que sont l’indépendance, l’humanisme et la laïcité. L’indépendance, garante de l’esprit critique, de l’autonomie de l’individu. L’humanisme, ensuite, gage de fraternité et de respect de son prochain. La laïcité, finalement, outil inestimable face aux préjugés, protectrice de la discussion raisonnée face aux dogmes et aux certitudes et, enfin, forge de l’égalité des droits de tous les citoyens face à l’arbitraire. Dans ces belles années, l’association avait reçu plus de 40 % des voix chez les étudiants du pôle Droit-Gestion.

En 2017, donc, cette devise, ce triptyque revêt un sens nouveau. Et les tragiques événements que connaît la France depuis plusieurs années semblent corroborer la pertinence de ces valeurs. Or, nul ne peut se satisfaire de cela. D’un constat d’échec collectif, on ne peut que concéder avoir eu le tort de ne pas réussir à convaincre du bien-fondé de celles-ci suffisamment fort, suffisamment tôt.

Aussi, dans la situation qui nous occupe, on ne peut que déplorer l’aplaventrisme face aux menaces. Susciter l’effroi pour mieux cannibaliser les gestes des potentielles victimes : on sait pourtant le dessein des terroristes ! Pourquoi alors courber l’échine, se ranger aux exigences implicites de ces derniers ? Si des craintes peuvent être légitimes, elles ne sauraient justifier l’annulation d’une représentation. À cet effet, nous n’avons probablement pas à informer l’Université et ses représentants, parmi lesquels d’éminents juristes, du contenu de l’arrêt Benjamin qui balise très rigoureusement, depuis 1933, l’interdiction d’une manifestation pour prévenir d’éventuels troubles à l’ordre public…

Nous plaidons donc pour que les institutions d’enseignement supérieur restent des phares pour une pensée libre en nourrissant le débat. René Cassin, prix Nobel de la paix dont on s’enorgueillit du passage à Lille en tant que professeur de Droit, nous rappelle qu’il « n’y aura pas de paix sur cette planète tant que les droits de l’homme seront violés ». Face à la grande noirceur que nous promettent les obscurantismes, les universités doivent se poser en tant que garantes de la liberté de pensée et de la liberté d’expression et la seule crainte ne saurait justifier de les fouler.

« Nous adorons notre liberté », lettre de soutien à CIBL 101,5

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Une lettre de soutien à CIBL qui vient notamment en réponse à deux textes parus récemment dans la presse nationale :

  • Le Devoir : http://www.ledevoir.com/societe/medias/490290/grogne-a-cibl-et-radio-centre-ville
  • La Presse : http://plus.lapresse.ca/screens/5970b5d5-26a1-4e2c-a152-a461c2cb8536%7C_0.html

Charte de l’UdeM : un contre-exemple de bonne gouvernance universitaire

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Chronique hebdomadaire à La Matinale de CIBL 101,5 Montréal

Saviez-vous que la classe religieuse avait toujours sa place sur le conseil de l’Université de Montréal ? À l’aune du projet de réfection de charte de l’université de Montréal, on décortique les fondements de l’institution…