Mario l’imposteur et Jean la girouette

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Depuis plusieurs jours, Mario Dumont, chef de l’opposition officielle à Québec, dénonce la posture très critique du premier ministre Charest à l’égard du Gouvernement de Stephen Harper. En ce sens, il considère que ce positionnement pourrait conduire à favoriser un vote proBloc et ainsi limiter la possibilité de voir le Québec représenté au sein du probable futur cabinet conservateur.

C’est donc sous couvert d’une arithmétique de fossoyeur que Mario Dumont justifie son positionnement politique et idéologique réactionnaire.

Premièrement, avec les expériences pitoyables de Mme Verner et MM. Blackburn, Bernier et Fortier, qui peut encore raisonnablement croire en l’intérêt d’avoir des Ministres québécois paillassons à Ottawa?

De plus, si on regarde avec un minimum d’objectivité le programme de l’Action démocratique du Québec de M. Dumont (qui, quoique souvent variable, reste solidement ancré lui aussi dans un ensemble de valeurs majoritairement conservatrices), il est évident que ce soutien à peine voilé au PCC est surtout naturel avant d’être tactique.

Il est donc normal qu’un grand nombre des troupes de l’ADQ soit engagé actuellement dans la campagne de Stephen Harper. Valeurs familiales passéistes, pseudo-souverainisme mou, discours économiques antisociaux, dureté sécuritariste, etc., sont autant de points de convergence entre le PCC et l’ADQ.

Enfin, si M. Dumont était réellement sincère dans ses projets autonomistes présentés aux citoyens ces dernières années, pourquoi persiste-t-il dans ces critiques à l’égard de Jean Charest et de ses revendications? N’oublions pas que ces dernières font l’objet d’un véritable consensus (elles sont d’ailleurs appuyées et relayées par le Bloc Québécois)… Comment le chef de l’ADQ peut-il encore prétendre défendre le Québec sans reconnaître leur pertinence?

Quant à la posture de Jean Charest, voici un premier ministre québécois qui fait honneur à la citation de l’ancien président français Jacques Chirac : « les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent »

Entre ses projets d’ancien chef des progressistes-conservateurs sur la scène fédérale et ses revendications d’actuel premier ministre provincial, il existe un écart aussi épais qu’une veste que l’on aurait retourné. Ses velléités centralisatrices d’autrefois se heurtent clairement à ses prétentions d’aujourd’hui, qu’il s’agisse de son attachement au nouveau au souverainisme culturel ou sa volonté d’asseoir l’aménagement du territoire sur des structures de développement régional.
Cela étant dit, il ne faut pas se méprendre sur ses intentions réelles. Il ne s’agit pas d’un revirement idéologique majeur chez Jean Charest, mais bien d’un positionnement stratégique qui répond à des enjeux conjoncturels. Avec une ADQ qui se décrédibilise toute seule et un PQ qui a du mal à se positionner favorablement en prévision d’une élection provinciale de plus en plus inévitable, les libéraux québécois ont tout intérêt à tirer la couverture nationaliste pour tenter de se placer en tant que force de rassemblement au-delà des clivages.

Cynique? Peut-être. Payant, sûrement.

4 réflexions au sujet de « Mario l’imposteur et Jean la girouette »

  1. Excellent billet. Les deux politiciens foont dans l’opportunisme, c’est évident! Pauvre Mario, qui s’aperçoit que l’élection de ses 41 députés n’a rien à voir avec ses idées, qu’un vote de contestation mal placé. Elle va être dure la descente Mario. Dure.

  2. Je ne comprend jamais qu’on traite quelqu’un d’opportuniste quand il maintient son appui au Conservateur alors que c’était la dégringolade…

    Qu’on traite quelqu’un qui a eu le courage de défendre ses idées en fondant un parti me semble peut-être idéaliste, mais surement pas oppotuniste. Un opportuniste c’est une personne qui accepte de se présenter par “conviction” dans l’ouest de Montréal pour représenter les libéraux… c’est quelqu’un qui décide de changer de parti politique à 3 semaines des élections pour son bien-être en oubliant les électeurs.

    En ce sens je ne voie pas Dumont opportuniste!

  3. Patrick,

    J’entends volontiers votre désapprobation à l’égard du fait que Mario Dumont est ici qualifié d’opportuniste. Bien évidemment, une telle critique ne doit pas vous satisfaire puisque vous même avez été candidat adéquiste par le passé.

    L’opportunisme idéologique existe et, à mon sens, se révèle plus dangereux (mais par forcément pire) que l’opportunisme des ambitieux qui arrivent avec leur gros sabots, car il est louvoyant, insidieux. Bref, ces représentants avancent masqués en se parant de la pureté de la vierge.

    Il n’est pas difficile de se battre pour des idées en promettant monts et merveilles en fonction de l’air du temps; mais à quoi aurait ressemblé un Gouvernement de l’ADQ si le vent avait un peu plus tourner en leur faveur en 2007? De toute évidence, il y a fort à parier que cela aurait tourner au fiasco le plus total.

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