Réplique à la lettre de Joël Lion, publiée le 8 août dans Le Devoir.
Monsieur le Consul,
Dans votre lettre en date du 8 août, vous revenez sur les tragiques événements qui opposent votre pays, Israël, « aux fanatiques islamistes » dites-vous en vous permettant, par un curieux sophisme, d’éluder la situation des populations civiles de votre réflexion. Surtout, vous vous permettez d’exploiter sans vergogne le souvenir du grand Zola en guise d’accroche, chose que l’on ne peut laisser dire sans dénoncer un sérieux détournement mémoriel.
Le J’accuse de l’auteur des Rougon-Macquart était un acte de résistance en soutien au capitaine Dreyfus, un geste courageux face à l’antisémitisme ordinaire d’alors, tandis que rares étaient ceux dans la société prêts à dénoncer cette infamie devant les virulences de la droite nationaliste et réactionnaire française.
Je dénonce donc, Monsieur, que vous osiez usurper l’Histoire pour dénigrer les insurgés contre les barbarie de la guerre. Voyez-vous, il y a dans l’opposition à cela une « pacifique révolte de l’esprit », pour reprendre les termes de Clémenceau, autre dreyfusard célèbre.
Le rejet de la militarisation des rapports entre Nations, de la colonisation, de la terreur, de l’extrémisme et des fondamentalismes religieux, ne fait pas vos prétendus « bien-pensants ». Ce rejet fait au contraire honneur à la rigueur morale de ces quelques intellectuels qui, hier, ont tracé la voie de la défense des sans-voix face aux mépris des forts et de leurs soudards, qu’ils s’appellent aujourd’hui Hamas ou Tsahal.